
La Boîte à outils
Économiser l’énergie
comment
ça marche?
Les fiches : comment ça marche ?
La Tool Box eLo se compose de fiches qui recensent des pratiques vertueuses dans les principaux domaines d’activité des institutions culturelles du territoire. Ce sont des outils pratiques qui sont censés vous aider à faire des choix très pratiques…
Elles peuvent être parcourues juste via les grands titres (si ça vous suffit) ou analysées dans les moindres détails (en cliquant sur les triangles).
Pour chaque pratique suggérée, quatre options s’offrent à vous : “déjà fait”, “à faire”, “reporté” ou “pas pour nous”. Il est conseillé d’échanger avec vos collègues et surtout avec votre direction pour vous accorder sur les actions à mettre en œuvre.
Une fois vos choix effectués, vous pouvez générer un PDF personnalisé. Après avoir rempli quelques informations complémentaires, vous obtiendrez un mémo pratique à afficher dans votre bureau, la cuisine ou les couloirs… Ce mémo contiendra uniquement les actions que vous aurez tagué “A faire” (donc celles que vous souhaitez entreprendre à court terme).
Le bouton pour générer le PDF se trouve à la fin des actions possibles.
Des fiches seront ajoutées au fil du temps cette année…
Les bâtiments qui hébergent des institutions culturelles ont rarement été conçus pour accueillir des publics. Et s’ils l’ont été, ils ont rarement été éco-conçus. Les consommations d’énergie (eau, gaz, électricité) sont donc souvent énormes et cela pose des problèmes écologiques, sanitaires et financiers.
Réduire le nombre de représentations, réduire l’activité n’est évidemment pas satisfaisant et pas suffisant. L’enjeu est donc de réduire notre dépendance aux énergies fossiles (une autre fiche-outil concernera les consommations d’eau).
Pour réduire cette dépendance, on pense souvent à la rénovation des bâtiments. Mais quand elle n’est pas possible ou pas souhaitable (parce que le bâtiment n’est pas si ancien par exemple), on doit opter pour la sobriété, c’est-à-dire la fabrication du bien-être avec moins d’énergie.
Le secteur du bâtiment (qui comprend la construction et la consommation d’énergie) génère 20,4% des émissions de Gaz à effet de serre (GES) au Luxembourg et 23% en France. La production d’électricité reste le premier secteur émetteur de CO2 dans le monde : la production d’électricité représente 41% du total des émissions de GES.
Mais là encore, l’énergie peut être un point très important pour certaines institutions et secondaires pour d’autres. Selon le Shift Project, on observe :
- une moyenne de consommation énergétique dédiée au chauffage dans les bâtiments culturels d’environ 108 Kwh par mètre carré ;
- une moyenne de consommation électrique évaluée à 150 Kwh par mètre carré dans le secteur.
Ces chiffres peuvent varier en fonction de l’efficacité énergétique du bâtiment, de sa taille, de l’ouverture ou non au public, du nombre d’heures d’ouverture, ou encore des actions déjà prises pour baisser les consommations d’énergie…
Vous disposez de quatre leviers pour engager votre institution sur la voie de la transition dans le domaine de l’énergie :
- Faire ou demander un état des lieux de la situation. Puis en fonction, établir une politique globale de diminution de la consommation d’énergie combinant :
- Les rénovations si possible et souhaitable
- La sobriété
- Évaluer les effets des actions réalisées
- Communiquer avec les publics et les partenaires
Si vous ne deviez faire que deux choses, ça serait :
- Repérer les dispositifs qui consomment le plus d’énergie et les espaces qui en ont besoin ;
- Renoncer au gaz pour le chauffage dès que possible ;
- Privilégier la sobriété : fabriquer du bien-être avec moins d’énergie.
Les leviers d’actions possibles
Comme pour les autres domaines, il est d’abord important de savoir où vous en êtes, si la consommation d’énergie est importante, et enfin, si et comment vous pouvez les baisser. Pour cela, vous pouvez :
Mettre en place des outils de mesure et de suivi des consommations d’énergie et mesurer votre consommation totale.
Pour cela, vous pouvez établir un tableur avec les valeurs de consommation (et éventuellement de prix) issues de vos factures de gaz et d’électricité (si vous y avez accès – ou en demandant à votre institution de tutelle – ville, ministère… – d’y accéder). Un exemple de tableur figure dans la Boite à Dédé (à la fin de cette page).
Identifier et analyser les éventuelles variations de consommation d’une année sur l’autre, en prenant compte de la variation des facteurs intérieurs et extérieurs (nombre d’artistes, météo, aménagements…).
Si vous ne parvenez pas à avoir accès à ces informations, vous pouvez demander un bilan énergétique de vos bâtiments par un·e spécialiste externe ou bien par des services compétents de votre commune ou de votre territoire.
Réaliser un jeu avec les équipes, animé par les services techniques, pour identifier les plus grosses pertes d’énergie.
Il s’agit de tou.tes se retrouver devant le compteur électrique ou gaz de l’institution pour observer la puissance consommée en temps réel.
Ensuite, on éteint tout ce qu’on peut éteindre : chauffage, ordinateurs, VMC, etc. et on observe ce qui continue à tourner. Souvent, il existe des consommations d’énergie « fantômes » dont il faut trouver la source.
Ensuite, on rallume peu à peu : les lumières, les ordinateurs, la ventilation, les photocopieurs et on note toutes les consommations d’énergie en temps réel.
Si vous n’avez pas de compteur, vous pouvez regarder le tableau électrique et la centrale de mesure. Si vous n’en avez pas, vous pouvez acheter ou louer un compteur de consommation d’énergie (une vingtaine d’euros par mois – voir les échanges d’expérience pour des marques à recommander).
Si cela s’avère pertinent, vous pouvez essayer d’entreprendre des travaux pour éviter les déperditions énergétiques (isolation, changement de source d’énergie, changements des huisseries…).
Si une rénovation thermique des bâtiments est envisagée, vous pouvez intégrer des critères précis dans le cahier des charges
: Bâtiment BDM ou HQE, système de gestion de l’énergie… Faites-vous aider par des spécialistes indépendant×es ou par les services environnement ou architecture / bâtiment de vos communes.
Surtout, faites-vous assister par des spécialistes de la question pour rédiger le cahier des charges.
Quand le système de chauffage arrive en fin de vie, vous pouvez le remplacer par une pompe à chaleur
: il est nécessaire de s’adresser à des spécialistes qui peuvent évaluer le type de pompe en fonction du bâtiment et de ses usages (par exemple, les modèles air/eau n’imposent pas de changer les radiateurs). Optez, dans la mesure du possible, pour des sources d’énergie renouvelables (ex : panneaux solaires).
Selon le Shift Project Culture, une Scène Nationale peut consommer :
- jusqu’à près de 1 000 MWh par an d’électricité pour son éclairage, sa climatisation et le fonctionnement de son matériel de scène (soit environ 50 teqCO2)
- et près de 2 000 MWh pour son chauffage (soit environ 450 teq CO2 si ce chauffage fonctionne au gaz naturel)
Si vous n’avez pas les moyens de réaliser ces travaux ou qu’ils ne sont pas opportuns / utiles, vous pouvez opter pour la sobriété énergétique, c’est-à-dire la fabrication du bien-être avec moins d’énergie. Pour cela, il est possible de :
En général
Consommer, dans la mesure du possible, de l’énergie verte, avec le choix d’un fournisseur.se d’électricité garantissant une part d’énergie renouvelable importante. Négociez les prix avec vos partenaires ou un groupe d’institutions. Dimensionnez les contrats d’énergie en fonction des besoins réels, à étudier avec le fournisseur d’énergie.
Mobiliser des spécialistes indépendant×es ou les services environnement ou architecture / bâtiment de vos communes (voir les échanges d’expériences) pour obtenir des conseils. Sinon, vous pouvez aussi mettre en place les actions suivantes….
Chauffage et climatisation
Identifier avec les équipes, les espaces de déperdition et les espaces non utilisés pour réduire les consommations d’énergie à ces endroits ou repenser l’utilisation de ces espaces.
Ce sont des lieux qui, dans votre institution, peuvent être moins, voire pas du tout chauffés (comme par exemple les halls d’accueil) ou qui n’ont pas forcément besoin d’être ventilés en permanence. Ces lieux sont plus nombreux qu’on le croit : une aération quotidienne peut parfois remplacer une ventilation qui tourne en permanence.
Quand c’est possible et pertinent, vous pouvez chauffer les personnes plus que les espaces : il s’agit de procurer des pulls, des plaids, des couvertures chauffantes, des chauffages d’appoints plutôt que de chauffer de grands espaces presque vides. Bien sûr, il est nécessaire dans ce cas de travailler avec les personnels pour assurer leur confort.
Utiliser la climatisation et le chauffage à bon escient :
- En hiver, on préconise entre 18°C et 19°C le jour et entre 16°C et 18°C la nuit, à adapter en fonction des activités (baisser la température de 1°C, ça représente en moyenne 7% d’économie d’énergie).
- En hiver, pour limiter les pertes de chaleur, vous pouvez fermer systématiquement les fenêtres et les portes, encourager les personnels à porter des vêtements chauds, baisser le chauffage en fin de journée, encourager la consommation de boissons chaudes en mettant à disposition des bouilloires par exemple quand c’est possible…
- En été, vous pouvez favoriser l’ombre à l’intérieur en installant des rideaux / stores, préférer les ventilateurs à la climatisation, couper la climatisation quand vous ouvrez les fenêtres, encourager la consommation de boissons chaudes et de nourritures fraiches, rafraichir l’air aux heures les plus fraiches…
- Installer des thermorégulateurs dans chaque pièce.
Vérifier régulièrement l’état et le réglage (Eco) de la chaudière (entre 55°C et 60°C).
Consommation électrique et lumière
Mettre en place un système automatique d’extinction des appareils que vous n’utilisez pas les soirs et les week-end.
Ou bien demander à vos équipes d’éteindre les appareils le soir et le week-end, et les écrans quand on ne les utilise pas.
Installer des multiprises avec un interrupteur pour véritablement éteindre les appareils.
Sinon, débrancher (plutôt que mettre en veille) les appareils après utilisation, en particulier les ordinateurs et écrans (mais aussi : tireuses à bières, cafetières, etc.). Faites-le au moins avant une absence prolongée (week-end, congés).
Ne pas utiliser l’éclairage la journée et éteindre les lumières inutiles ou quand vous quittez une pièce. Éviter d’utiliser les projecteurs lors des répétitions quand cela n’est pas nécessaire…
Si la consommation de vos appareils électriques pose problème dans votre bilan de départ, vous ne devez pas les changer tous soudainement !
La démarche est généralement la suivante : attendre la fin de vie des appareils, louer du matériel moins consommateur et si ce n’est pas possible, remplacer le matériel qui ne fonctionne plus par du matériel économe en énergie ou « appareils à haute efficience énergétique », classe A (imprimantes, appareils ménagers, lampes…).
De la même manière, changer vos ampoules pour des éclairages LED est important mais uniquement lorsque les précédentes arrivent en fin de vie.
Vous pouvez aussi remplacer l’éclairage de secours par les tubes LED et installer des sources d’énergie moins puissantes pour les endroits comme les toilettes. Notez que la température des LED est plus basse que la température des ampoules classiques. La température de la pièce peut donc baisser quand l’éclairage est fait par LED (ce qui est bien en été mais peut-être moins en hiver).
Faire nettoyer les lampes et luminaires pour une meilleure luminosité et installer les postes de travail près des sources de lumière naturelle.
Favoriser la wifi ou l’Ethernet plutôt que la 3G / 4G / 5G. A volume égal, un.e utilisateur.rice de réseau 4G en France consomme environ 50 kWh par an, soit 10 fois plus qu’avec la fibre optique.
Ne lancer le lave-vaisselle que quand il est plein et en mode Éco (25% d’électricité économisée en lavant à 40°C au lieu de 60°C).
Installer une zone de recharge de mobiles alimentée par exemple en énergie solaire. Certaines institutions fontpédaler les personnels et les publics pour produire de l’énergie sur la zone de recharge des mobiles, pour sensibiliser à l’importance de l’effort pour une recharge.
Quand vous organisez un événement en plein air, vous pouvez aussi :
Privilégier les lieux de diffusion performants et les solutions alternatives
: un lieu de diffusion engagé dans une démarche d’écoconception (HQE, démarche BDM, système de gestion des consommations) raccordé au réseau électrique déjà équipé en éclairage basse consommation serait un excellent choix. À défaut, il faut penser non seulement au charme du lieu mais aussi à :
- son environnement (espèces à protéger, possibilité de protéger faune et flore…),
- ses caractéristiques techniques (possibilité de se raccorder à l’eau et l’électricité de la ville)
- et l’inclusion des publics (accès).
Raccorder les appareils au réseau électrique local et éviter, quand c’est possible, les groupes électrogènes
(un groupe électrogène à essence consomme en moyenne entre 0,5 et 1 litre de carburant par heure par kW. Ainsi, un groupe électrogène de 5 kW fonctionnant pendant 10 heures consomme entre 25 et 50 litres de carburant).
Le Shift Project Cuture estime qu’un festival de musiques actuelles demandant 90 000 kWh pour son fonctionnement émettra environ :
- 16 tCO2e si son énergie provient pour moitié du réseau local et pour moitié de groupes électrogènes.
- 5 teq CO2 en alimentant l’événement en totalité sur le réseau électrique (français en l’occurence).
Utiliser des lampes solaires pour les signaux lumineux, les affichages et chemins d’accès.
Pour un petit événement ou bien pour sensibiliser les publics, vous pouvez :
- louer une remorque solaire sur roues, qui fournit de l’électricité par son installation photovoltaïque, c’est-à-dire par l’énergie naturelle du soleil
- louer des dispositifs innovants comme des « sustainable danse floors », etc. Vérifiez d’abord qu’ils ont fait leur preuve (voir les Échanges d’expériences).
Comme pour tous les autres domaines, il est important d’évaluer l’efficacité de vos actions en termes de consommations (puissance), d’émissions de gaz à effet de serre (l’électricité, c’est, dans nos régions, moins émetteur que le gaz par exemple) et de prix.
Pour cela, vous pouvez :
Établir un suivi régulier des consommations en chargeant une personne de l’équipe de remplir le tableur de suivi des consommations (et éventuellement des prix). Il s’agit de voir si vos actions portent leurs fruits et de le communiquer (tous les trois mois par exemple) aux équipes. Un exemple de tableur figure dans la Boite à Dédé.
Les petits gestes qui favorisent les économies d’énergie commencent à être bien connus… même s’ils sont finalement peu appliqués ! Il est donc toujours nécessaire de :
Former les personnels, les artistes et les publics aux gestes d’économies d’énergies.
Si vous établissez des règles de consommation d’énergie, il est préférable de créer ces règles avec les équipes plutôt que de les imposer ! Notamment, certaines équipes peuvent avoir plus de difficulté à les respecter et il faut donc en tenir compte.
Afficher les recommandations ainsi établies de manière visible un peu partout.
Vous pouvez demander au service Communication de rédiger un petit mémo pour mettre dans les bureaux (voir la boite à outil de Dédé pour un modèle possible de mémo)…
Mener un travail de concertation avec les producteurs de spectacles ou d’exposition ou d’œuvres que vous accueillez, pour réduire/rationaliser les équipements techniques (moins de camions sur la route, fiches techniques moins énergivores…).
des actions
"A faire"
Je personnalise mon PDF avec mon nom et mon logo (c'est facultatif) :
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(taille recommandée : 2 Mb)
Les ressources
De multiples sources ont été consultées pour réaliser cette fiche. Pour le secteur culturel, il existe des sources incontournables comme :
- Cette étude de Fanny Valembois sur l’énergie dans les bibliothèques : Mesurer et réduire les consommation d’énergie. C’est une mine d’infos précieuses !
- Le ministère de la Culture en France propose aussi quelques pistes ici
- et puis évidemment, le rapport du Shift Project sur la culture…
Les BA des voisins
Concernant les économies d’énergie, on peut citer par exemple :
- L’expérience Coupez les fluides a consisté à couper eau, gaz et électricité du centre d’art contemporain de Malakoff. Le tout a été accompagné d’une recherche-action. Et vous, vous vous voyez travailler sans aucun fluide pendant un moment ? C’est l’occasion de tester tellement de choses…
- Le MUDAM (Luxembourg) a installé des moteurs à faible consommation, a régulé le renouvellement d’air, a optimisé la climatisation. Il est passé progressivement à l’éclairage LED et cet éclairage est éteint la nuit. Il estime la réduction de la consommation énergétique à environ 15 %
- La Philharmonie (Luxembourg) utilise un système intelligent couplant climatisation et occupation via un logiciel (climatisation au maximum en spectacle, -50 % hors présence, minimum hors activité). Elle est passée progressivement aux LED pour l’éclairage architectural, et a sensibilisé le personnel à l’extinction immédiate des éclairages scéniques.
- Le Kinneksbond (Luxembourg) a limité le chauffage à 20 °C, les éclairages publics sont réduits au minimum requis, utilisation de LED…
- La Ville de Luxembourg a réduit la température dans les musées de 19 °C à 17 °C, pour environ 12 % d’économie d’énergie.
- L’Université du Luxembourg a lancé sa Campagne “Zesumme Spueren” en hiver 2022–2023 : elle a limité le chauffage (20 °C jour, 16 °C nuit/week-end), installé une ventilation intelligente avec des détecteurs de présence et diminué l’éclairage. Bilan : 19 % moins de chaleur consommée, 25 % de réduction par rapport à 2019‑2021, environ 600 000 € économisés et 311 t de CO₂ évitées.